S’emparer collectivement de l’Indice d’Alignement Humain pour transformer le secteur
Le jeudi 27 févier 2020, Alenvi a reçu dans ses locaux une soixantaine de personnes pour discuter de son utilisation de l’Indice d’Alignement Humain (IAH) autour d’un petit déjeuner. Cette matinée a aussi été l’occasion pour Alenvi de présenter le Rapport Annuel de l’Indice d’Alignement Humain de l’année 2019.
Ce rapport reprend les scores d’Indice d’Alignement Humain des structures utilisatrices. L’administration de ce questionnaire auprès de 20 agences en 2019 a amorcé la construction d’un échantillon constituant un baromètre des conditions de travail dans le secteur de l’aide à domicile. L’Indice d’Alignement Humain est un outil collectif d’amélioration des conditions de travail des auxiliaires de vie.
En effet, plus encore qu’un indicateur de qualité de vie au travail, l’Indice d'Alignement Humain représente un outil qui permet d’entamer un dialogue social grâce auquel les structures peuvent amorcer un processus d’amélioration. Les questionnements et la prise d’initiatives qui découlent de l’analyse des conditions de travail au sein d’une structure nous guident vers la valorisation du métier d’auxiliaire de vie !
L’Indice d’Alignement Humain, un thermomètre exhaustif des conditions de travail des auxiliaires de vie
L’Indice d’Alignement Humain permet de mesurer, au sein d’une structure, à quel point le cadre de travail des auxiliaires de vie est aligné avec la nature humaine de leur métier. Cet outil, créé en 2019 à l’initiative d’Alenvi et porté par le Collectif l’Humain d’Abord, a été construit sur la base de la théorie de la motivation de Maslow qui s’appuie sur la hiérarchie des besoins fondamentaux. Selon Clément Saint Olive, co-fondateur d’Alenvi, l’Indice d’Alignement Humain est un outil qui doit servir à instaurer un dialogue social dans le but d’améliorer les conditions de travail des auxiliaires de vie.
Depuis son lancement, l’Indice d’Alignement Humain a été utilisé par une vingtaine d’agences ce qui a permis l’émergence d’un échantillon du secteur de l’aide à domicile en France.
"Si les auxiliaires de vie ont de bonnes conditions de travail, ils sont bienfaisants." Matthieu Charnelet, dirigeant de La Main de Jeanne
Lors de l’événement organisé par Alenvi, le 27 février dernier, Matthieu Charnelet, dirigeant de La Main de Jeanne, dont les quatre agences se situent à Béziers, a témoigné de son expérience en tant qu’utilisateur de l’Indice d’Alignement Humain. Pour lui : « Si les auxiliaires de vie ont de bonnes conditions de travail, ils sont bienfaisants. Pour nous, il est primordial d’intégrer au maximum l’humain dans le fonctionnement de La Main de Jeanne ».
En janvier dernier, le questionnaire a donc circulé auprès des auxiliaires de vie de la structure. Sur 100, La Main de Jeanne obtient un score de 69,5 à l’Indice d’Alignement Humain. Matthieu considère l’IAH comme « un thermomètre exhaustif » pour rendre compte des conditions de travail des auxiliaires. Désormais, La Main de Jeanne va entamer la phase qui correspond au traitement et à l’analyse des résultats : « On va regarder là où on est bon, là où on est moins bon, et on va se transformer ». Pour Matthieu Charnelet, l’Indice d'Alignement Humain a permis de poser les bases de changements qui conduiront à améliorer les conditions de travail des auxiliaires de sa structure.
À l’échelle d’une agence d'aide à domicile, l’Indice d’Alignement Humain est un outil de dialogue social au service de l’amélioration en continu des conditions de travail
En réponse à un manque d’indicateur capable d’évaluer le cadre de travail des auxiliaires de vie, Alenvi a porté cette initiative de constituer un premier outil et d’en remettre la gouvernance aux structures utilisatrices. Enthousiaste à l’idée de mesurer l’impact de son modèle, Alenvi a administré à l’ensemble des auxiliaires d’envie les 36 questions de l’outil en mai 2019. Ce processus a donné lieu aux premiers résultats : un score global de 79 sur 100 sous segmenté en 5 scores pour chaque besoin de la pyramide de Maslow.
Si l'Indice d'Alignement Humain n’est pas un outil de comparaison de structure à structure, l’émergence d’un échantillon du secteur nous a donné l’opportunité de relire nos résultats à la lumière de ce baromètre; l’occasion de se questionner à nouveau avec les auxiliaires d’envie sur notre modèle. Dans le but de rendre ces échanges encore plus concrets, Awa et Vincent ont raconté aux côtés de Clément Saint Olive et de Matthieu Charnelet leur quotidien chez Alenvi et ainsi leurs ressentis par rapport à leur cadre de travail.
La solidarité dans les équipes permet de rétablir l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle
Chez Alenvi, les auxiliaires travaillent en se regroupant sous forme d’équipes dont le but est d’être le plus autonome possible. A la question « Je travaille bien avec mes collègues », Alenvi dont le score est de 86.3/100, se démarque positivement par rapport au secteur qui a un score de 72.7/100. Selon Vincent et Awa ce résultat peut s’expliquer par le fait que les équipes se réunissent toutes les deux semaines et, plus globalement, par le fait qu’il y a une communication étroite entre ces personnes qui interviennent souvent ensemble chez les mêmes bénéficiaires. Pour Vincent : « Il y a une bienveillance constante au sein de l’équipe. Tout le monde est dans l’esprit d’Alenvi ». Cet aspect rejoint la question relative à l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle des individus. Vincent, qui n’a pas d’enfants, s’arrangent au niveau des horaires d’intervention avec ses collègues qui en ont pour leur permettre d’être plus présent auprès d’eux.
"Chez Alenvi, la solidarité au sein de l’équipe change beaucoup de choses." Vincent, auxiliaire d'envie
Les outils digitaux, un moyen pour les auxiliaires de reprendre en main leur métier
D’autre part, l’utilisation des outils digitaux est un aspect à prendre en compte lorsque l’on parle du besoin d’appartenance. La question suivante « Les outils digitaux dont je dispose dans ma structure me permettent de bien collaborer avec mes collègues » fait partie chez Alenvi (89.2/100) des écarts forts avec l’échantillon du secteur (64.1/100).
Les outils digitaux tels que Messenger de Facebook, et les applications Compani permettent aux auxiliaires d’avoir accès aux emplois du temps de leurs collègues, d’organiser des remplacements, mais aussi d’accéder aux formations en continu. Selon Vincent, il faut quelques semaines d’adaptation avant de bien prendre en main les outils, mais pour Awa, cela s’est fait immédiatement car elle a pu solliciter l’équipe dès qu’elle en ressentait le besoin : « Je me suis habituée tout de suite grâce à l’aide qu’on me donnait sans avoir à prendre rendez-vous. »
L’Indice d’Alignement Humain, à travers cette question a permis de montrer que l’utilisation d’outils digitaux est un aspect positif des conditions de travail chez Alenvi car ils leur permettent de reprendre le pouvoir sur leur métier.
Valoriser les auxiliaires de vie en reconnaissant l’utilité de leur métier
Dans la société actuelle le métier d’auxiliaires de vie n’est malheureusement pas assez reconnu à sa juste valeur. Chez Alenvi, la question « Je trouve que l’utilité de mon travail est reconnue » a obtenu le score encourageant de 81,4/100. Alors, qu’est ce qui est différent dans le fonctionnement d’Alenvi par rapport au secteur qui fait que les auxiliaires de vie se sentent davantage valorisés ?
"Il y a des hauts et des bas dans notre métier, et quand l’entreprise te valorise, te fait confiance ça aide beaucoup !" Vincent, auxiliaire d'envie
A ce sujet Vincent témoigne : « Il y a des hauts et des bas dans notre métier, et quand l’entreprise te valorise, te fait confiance ça aide beaucoup ». Ici, Vincent fait notamment référence à une journée durant laquelle il s’est déplacé à Nancy pour parler de ses conditions de travail chez Alenvi. Ce qu’il avait particulièrement apprécié c’est le fait qu’il n’ait pas été briefé sur ce qu’il devait dire ou ne pas dire. Ces temps de témoignages sont importants et paraissent même indispensables car les auxiliaires de vie sont les mieux placés pour parler de ce qu’ils vivent au quotidien. Ces moments leur permettent de prendre confiance en eux et de transmettre des informations, de communiquer pour que le métier soit davantage reconnu.
L’importance de se former en continu
Au sommet de la pyramide des besoins théorisée par Maslow on retrouve enfin le besoin d’accomplissement. A ce niveau, on fait référence aux compétences, à la manière dont on se sent évoluer, à la manière dont on apprend. La question suivante « Mon environnement de travail me permet d’apprendre de nouvelles choses et de développer des compétences » s’inscrit dans cette logique.
À cette question le score d’Alenvi est de 83,3/100, celui de l’échantillon du secteur est de 68,3/100. Cette dimension est chère à Awa. En effet, elle a notamment pu participer à un « Vendredi pour se former » sur la nutrition. Awa s’est servie de ce qu’elle a appris pendant cette journée lors de ses interventions chez les bénéficiaires et elle en a également discuté avec ses collègues. Selon Awa : « La formation continue nous apporte beaucoup chez Alenvi. Franchement bravo car je continue de me former alors qu'au cours de ma carrière je n'ai pas eu de formation par mes anciens employeurs. ». L’Indice d'Alignement Humain a mis en avant la notion de formation continue mise en place dans le fonctionnement d’Alenvi. Elle constitue un élément fort dans notre modèle.
Un salaire trop faible, une réalité sectorielle :
Dans le cas d’Alenvi (51/100), mais aussi dans le cas de l’échantillon du secteur (32.2/100), la question où le score obtenu est le plus faible est celle relative au salaire. Cela illustre bien une réalité sectorielle.
A cet égard, Vincent confirme que le salaire qu’il touche est trop faible par rapport au travail qu’il fait. Cependant, il reconnait un avantage spécifique au fonctionnement d’Alenvi : les heures internes, c’est-à-dire les heures de réunion, de recrutement de ses collègues, de recherches de nouveaux bénéficiaires, … Celles-ci permettent de compenser l’instabilité du rythme de travail habituel dans le métier, de lisser les « trous » dans la journée et ainsi en diminuer l’impact sur son revenu mensuel. Pour les auxiliaires d’envie, l’objectif à atteindre chaque mois est que chacun atteigne le nombre d’heures défini dans son contrat de travail. Ils peuvent y arriver individuellement en mixant heures d’intervention et heures internes. Cette modulation des heures est rare dans le secteur et particulièrement appréciée par les auxiliaires d’envie. Ce résultat montre également que c’est un sujet qu’il faut continuer de questionner.
La notion d’encadrement trop floue et questionnée par les auxiliaires
En ce qui concerne le besoin de sécurité, les aspects qui entrent en compte font partie des éléments structurants qui apportent un cadre. D’ailleurs, une des questions relatives à ce besoin concerne le sentiment d’encadrement des auxiliaires par Alenvi. À la question « Je me sens encadré par la structure dans laquelle je travaille » Alenvi obtient un score de 68.6/100 intéressant à étudier car inférieur à celui de l’échantillon du secteur (71/100). Vincent à ce sujet trouve qu’il y a un peu trop de monde dans l’équipe encadrante. Il a du mal parfois à bien repérer qui est qui et qui fait quoi.
"Ce que j’ai vu chez Alenvi, je ne l’ai vu dans aucune autre structure." Awa, auxiliaire d'envie
De son côté, Awa témoigne de la bienveillance, de l’écoute et de la pleine attention portée aux auxiliaires de vie qui règnent chez Alenvi : « Ce que j’ai vu chez Alenvi, je ne l’ai vu dans aucune autre structure ». Awa est toujours satisfaite des réponses qu’on lui donne, elle se sent très bien encadrée par la structure. Ces deux remarques soulignent que cette question est soumise à l’interprétation de chacun et qu’elle mérite d’être discutée collectivement.
Un équilibre vie professionnelle, vie personnelle facilité mais toujours un enjeu par la nature même de ce métier
« L’environnement de travail dans ma structure favorise l’équilibre entre ma vie professionnelle et ma vie privée ». Cette phrase présente dans le questionnaire représente le deuxième score le plus faible d’Alenvi. Celui-ci est de 65.7/100, pour l’échantillon du secteur, il est de 59/100. Face à ce constat présenté lors du comité de pilotage qui se met en place toutes les six semaines chez Alenvi, un groupe de travail sur le sujet a été formé. C’est dans ce contexte qu’une charte d’utilisation de l’outil Messenger a vu le jour. L’analyse de ce résultat a permis d’entamer une démarche d’amélioration de l’aspect équilibre vie professionnelle/vie personnelle chez Alenvi. Selon Vincent, ce comité de pilotage représente l’opportunité d’être « en contact direct avec ceux du dessus ». Les auxiliaires sont très impliqués dans les choix de la structure. « Chez Alenvi, il n’y a pas de direction. La direction on y va tous ensemble ».
"Chez Alenvi, il n’y a pas de direction. La direction on y va tous ensemble !" Vincent, auxiliaire d'envie
D’après Clément Saint Olive : « Il y a des choses que l’on a mis en place qui portent leurs fruits. Et il y a des choses qu’il faut qu’on améliore ». L’Indice d’Alignement Humain est ainsi un outil sur lequel les structures utilisatrices peuvent s’appuyer dans le temps. Il permet tout d’abord de prendre conscience de l’état des conditions de travail des auxiliaires de vie au sein de la structure. Il est ensuite un outil qui permet d’entamer un dialogue social pour faire émerger des solutions là où c’est nécessaire, améliorer en continu le modèle pour accorder toute sa place à la dimension humaine du métier d’auxiliaire de vie.